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Stratégie

Il est courant lorsqu'on restaure un bateau ancien de se donner comme objectif "restaurer à l'identique". Soit on essaie de restaurer le bateau dans l'état où on l'a trouvé, soit on essaie de le remettre dans l'état où il était à l'origine lors de sa conception et de sa fabrication. La première approche consiste à "stabiliser les choses". En effet le plus souvent les bateaux qui ont plus d'un demi siècle ont déjà été modifiés, plus ou moins en profondeur. Elle a l'avantage de conserver des améliorations qui facilitent la vie de l'équipage et améliorent la sécurité (les winches, les prises de ris, le guindeau, etc...). La seconde approche est plus exigeante. Elle nécessite des recherches historiques plus abouties, des travaux plus importants, et surtout elle entraîne la nécessité de faire naviguer les bateaux comme autrefois, avec des équipages suffisament nombreux et entraînés pour les manoeuvres à l'ancienne. Une troisième approche consiste à respecter autant que possible l'original mais lui apporter les éléments de modernité nécessaires à une croisière confortable et sûre en équipage réduit.

Le choix de la démarche est forcément conditionné par le type du bateau et le programme d'utilisation. Par exemple la restauration d'un ancien bateau de travail conduit nécessairement à un programme de "sorties à la journée" ou encore de "rassemblements". La croisière de quelques jours en couple, par exemple, ne correspond pas à ce type de bateau. Il est donc logique de chercher à restaurer strictement à l'identique. Cela dit, j'ai navigué sur un gréement aurique de 1942 qui fait du charter en Bretagne, et il y a un moteur hors bord monté en puits. Il était en effet difficile de faire autrement... Par contre, un yacht ancien peut être utilisé dans un programme "croisière", que ce soit en côtier pour les petites unités ou en hauturier pour les plus grandes. Beaucoup de ces bateaux n'avaient pas de moteur à l'origine. Tous en ont un aujourd'hui. Alors... On doit bien transiger !

Le budget a évidemment son importance. S'agissant d'un yacht, mon opinion est que si l'on a les moyens, et cela quelle que soit la taille du bateau, et qu'on accepte un programme très axé "régate à l'ancienne" pour son bateau, l'idéal est de restaurer "identique à l'origine", en acceptant le minimum de compromis, comme par exemple le moteur. Si on contraire, on veut limiter le budget et qu'on envisage un usage mixte du bateau, à savoir pour la croisière de loisir et pour les activités conviviales (rassemblements), on peut s'éloigner de l'original sur certains points, mais qu'il faut savoir ne pas aller trop loin. Le critère à prendre en compte dans ce dernier cas, je pense, est de "respecter le bateau". On dit qu'on ne "possède" pas un bateau classique mais qu'on "l'administre". Si on ne fait rien d'irréversible, et qu'on prend en compte la possibilité pour un propriétaire futur de revenir à l'état d'origine sans avoir à reconstruire, à l'exception de détails, on a bien à mon sens respecté le bateau.

Un autre critère de décision à prendre en compte est le caractère de prototype ou encore de "classe" du bateau. Certains plans sont particulièrement réussis et portent en quelque sorte fièrement la signature de leur architecte. D'autres sont plus anonymes et peuvent apparaître, avec un peu de recul, comme "ratés". Soit c'est parce que le maître d'ouvrage (le propriétaire donneur d'ordre) a eu des exigences particulières : c'est souvent le cas avec la "hauteur sous barrots". Soit c'est parce que les plans ont été tracés par un architecte peu habile ou débutant, ou qu'il s'agit d'un plan "de chantier" pas très heureux, ou encore qu'il s'agit d'une "copie" plus ou moins bien réussie. Dans ce cas, une rectification du "coup de crayon" ou des calculs originaux ne doit pas faire peur. Mais il convient alors de faire le nécessaire "reverse engineering" afin de comprendre où se situent les problèmes pour pouvoir les corriger. C'est une approche exigeante également, car il faut maîtriser les outils d'architecture navale nécessaires.

Ce bateau est manifestement un "bateau de transition", un "prototype". Il a déjà été modifié, que ce soit au niveau du plan (gréement, roof) ou au niveau de la structure interne. Mon choix est donc de respecter le bateau autant que faire se peut, mais de ne pas hésiter à le modifier. "Respecter le bateau" au sens de permettre une future restauration à l'identique de l'origine, si c'était là le souhait d'un futur propriétaire. "Le modifier", au sens de garder les équipements existants nécessaires à la navigation en équipage réduit et ne pas hésiter pas à en rajouter, pourvu qu'ils soient éventuellement démontables. En tous les cas, les divers éléments rajoutés au cours de restaurations successives doivent être considérés comme "obsolètes" et à changer si nécessaire.

A titre d'exemple, la restauration d'un Concordia 39, un bateau construite par Abeking et Rasmussen sur plan Howard et Hunt. Un travail exceptionnel : http://homepage.mac.com/wildswan/PhotoAlbum10.html


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