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L'architecture du bateau

Tout propriétaire de bateau ancien veut connaître les origines de son bateau : aussi bien du point de vue technique que du point de vue historique. J'ai donc commencé une recherche sur ces deux volets. Commençons par la recherche de l'architecte. Les photos ci-dessous, prises dans son nouveau port d'attache, montrent bien les lignes de carène.


 

Du point de vue technique, les choses ne sont pas claires. Le bateau est assez typé "nordique", pour ne pas dire "suédois". La tonture arrière à courbure inversée en dessus de la flottaison est assez typique. Cela dit, le style est aussi très américain ou encore british. Faute de connaître l'architecte, on en est réduit à des supputations. mes premières recherches m'ont conduit à chercher une origine soit chez "Abeking et Rasmussen", soit chez "Sparkman et Stephens".

Parenté "Sparkman et Stephens"

De fortes similitudes apparaissent avec des plans américains "Sparkman et Stephens". Olin Stephens, né en 1908 et aux dernières nouvelles toujours en vie, a commencé sa carrière d'architecte très tôt dans le cabinet de Philip Rhodes. Ci contre Olin Stephens, à 91 ans, photographié en Nouvelle Zélande.
Voici Kalmia, un sloop lancé en 1928. Noter les élancements importants : 50% de la longueur à la flottaison contre 42 à 45% pour les bateaux conçus cinq ans plus tard. Il s'agit d'un 30' (loa 9,2 m) large de 7'6" (2,25 m). Noter la similitude de lignes et d'aménagements intérieur avec mon bateau, identique avec environ 10% de plus en dimensions. Noter qu'il y a des toilettes, alors qu'il n'y en a pas (plus) sur mon bateau.
Ci-contre le plan d'un "Kretzer 30", datant de 1935. Six bateaux ont été construits par le chantier "Kretzer boats" sur ce plan. C'est un plan qui s'approche des lignes de coque de mon bateau, si ce n'est que l'arrière est ici plus court, plus moderne.
Ci-contre une coupe de "Babe", un 30 pieds de 1936. La forme latérale de la coque est assez différente de mon bateau, mais par contre la coupe est exactement identique, avec la large quille constituée d'une pièce de chène sur laquelle vient se fixer le lest en fonte.
Ci-contre un "New York 32", un plan destiné à créer une classe monotype, conçu en 1936, dont certains bateaux existent encore aux Etats Unis. Les NY 32 sont en fait plus grands puisqu'ils font 32 pieds à la flottaison et environ 41 pieds hors tout, alors que mon bateau fait un peu plus de 32 pieds hors tout.
Ci contre IceFire, un NY 32 récémment restauré.
Un autre plan Sparkman et Stephens de 1946. Longueur 9,91 m, largeur 2,72 m, tirant d'eau 1,40 m. Très voisin donc, mais avec un tirant d'eau plus faible.

Autres plans américains voisins

Philip Rhodes est un architecte américain qui a produit des plans très proches de ceux de Olin Stephens : on devrait d'ailleurs dire l'inverse puisque Olin Stephens a commencé sa carrière comme salarié chez Philip Rhodes. Ci contre un "Rhodes 27", dit aussi "Bounty I". Le chiffre 27 indique la longueur à la flottaison en pieds : il s'agit d'un bateau de 39 pieds de loa, soit 12 m.
Ci contre un autre plan de Philip Rhodes : le "Lake One Design", un 34 pieds destiné à construire une flotte "one design" pour les grands lacs américains. Une allure très proche de mon bateau, à l'exception du roof, plus moderne et plus long, avec la traversée du mat sur le roof et non en avant.

Les plans classiques des architectes américains sont toujours disponibles pour qui voudrait construire une réplique. Les prix sont d'ailleurs intéressants. Certains ont des services de recherches historiques que j'ai consultés. Il existe également des associations de propriétaires avec de véritables experts, que j'ai contactés. Il ressort de ces correspondances que mon bateau n'est sans doute pas un plan américain connu. Ce n'est ni un "Olin Stephens", ni un "Philip Rhodes", ni un "Ray Hunt". Tous ces experts m'ont conseillé de chercher une origine en Europe.

Parenté "Abeking et Rasmussens

Bien qu'il n'ait pas été construit à Lemwerder, le bateau ressemble beaucoup à des "Abeking et Rasmussen" des annnées 30. Ce chantier situé sur la Baltique, près de Kiel, a construit de nombreux bateaux, y compris dans une période récente. Les plans "Rasmussens" des années 30 sont typiques. Mais le chantier a aussi travaillé pour des architectes étrangers, notament pour la série des "Concordia" dessinés à la fin des années 1930. A noter que le chantier Abeking et Rasmussen a construit certains bateaux sur plans Sparkman and Stephens. Voir ci dessous des plans "Abeking et Rasmussen", dans l'ordre chronologique :

Ci contre "Eslina", un sloop qui a dû être beau, mais se trouve affublé d'un horrible roof démesuré et a malheureusement été habillé de stratifié. Il est en vente pour 7500 GBP (environ 11 000 euros) et si quelqu'un se sent de lui refaire un roof digne de sa ligne d'origine et de virer le stratifié... J'avoue que si je l'avais trouvé plus tôt, je me serais laissé tenter. Faire une recherche Google avec :
+eslina +abeking
Ci contre "Lorelei", un magnifique yawl de 1953 sur un plan manifestement plus ancien. Une restauration à couper le souffle, y compris à l'intérieur. Seule fausse note, les mats en alu anodisé. Il est en vente pour 250 kAU$, soit environ 146 kEuros. Faire une recherche Google avec :
+lorelei +abeking
Ci contre un "Concordia 39", un magnifique yawl de 1955 sur un plan Howland et Hunt des années 1930. Il est en vente pour la modique somme de 35 k$. Si le $ continue à baisser, cela va devenir une très bonne affaire. Faire une recherche Google avec :
+concordia +abeking +memory
Les plans Abeking et Rasmussen sont assez typés, avec un style qu'on retrouve sur d'autres productions allemandes, comme par exemple "Maika", un sloop de l'architecte Wurstrau, construit au chantier Engelbrecht de Berlin en 1928. Loa 9,6 m, largeur 2,25 m, tirant d'eau 1,25 m, poids 3,2 t.
Ci contre "Carina", un plan dit "Cadet" de 11 m de long et 2,70 m de large, construit au chantier Buchholz comme bateau de formation pour la Kriegsmarine.

Parenté "British"

Ci-contre "Phynella", un plan de Norman E. Dallimore, construit en 1937 de l'autre côté du Channel. Dimensions : loa 12m, largeur 2,95m, te 1,95m. Un bateau presque identique, y compris en dimensions, au Rhodes 27.

Parenté "Croiseur nordique"

Ce plan de carène semble avoir été très classique à la fin des années 1930, et peut-être spécialement autour de la mer Baltique. Voir ci-contre les lignes de "POSEIDON", un 10,50 m construit en 1938, que son propriétaire décrit comme un "Danisher Seekreuzer", c'est à dire comme un "croiseur danois". Il a en effet été construit au chantier Thomzik à Stralsund, en Allemagne du Nord, tout près de Copenhague (Danemark) et de Szczecin (Pologne).
Ci contre "Katrine", un bateau aux lignes très semblable photographié lors d'une régate au Danemark. Il est inscrit dans la catégorie "Kystkrydser" (voir les lettres "KR" sur la voile), et son architecte est donné comme "Br. Ohlson". Il daterait de 1954, mesurerait 11,34 m de long et 2,64 m de large.
Ci contre "Electra", un plan de 1928 qualifié de "Svensk kystkrydser" par son propriétaire. Une belle restauration mais avec un roof moderne typique des années 1950.
"Electra", vu d'en bas avant sa dernière restauration.
Ci contre "Huldren", un plan Tiller construit à Flensburg, près de la frontière danoise sur la Baltique, en 1935. Ses dimensions sont presque identiques : loa 10,20 m largeur 2,46 m. Noter la similarité visuelle, l'architecture presque identique.
Ci contre "Saxon", un "dansk sejlkutter" (en danois dans le texte) construit par le chantier Vilhelm Hansens en 1946. Dimensions : loa 9,80 m largeur 2,10 m tirant d'eau 1,65 m. Un bateau bien plus étroit, mais aux lignes latérales très semblables.
"Saxon" à sec. La parenté des formes de carène est évidente.
"Kormoran", un bateau construit en 1939 par le chantier Oertz de Hambourg sur commande de l'armée. Le bateau mesure 8,25 m de long pour 2,5 m de large : l'armée, qui demandait de l'espace à l'intérieur pour loger les équipiers, ne s'embarrassait pas de respecter les proportions des yachts de régate de l'époque, très effilés.
Ci contre un "Delphin II" du chantier suédois Salander, un plan de 1927, qualifié de "kustkryssare" (ou kkr). Le bateau mesure 10,30 m de long pour 2,5 m de large. Si quelqu'un peut aider pour la traduction...
Ci contre "Kornia VI" un "nordisk krydser" de 1939, sur plan Robert Jensens. A terre et sur l'eau.
Toujours en provenance de Suède, un dessin tiré des règles de jauge de la classe "Nordisk Krydser 5.5". Cette règle qui privilégie les dimensions en longueur et la surface de voilure, ne prenant pas en compte la largeur ou le déplacement, conduit à des bateaux très fins : pour une longueur aux environs de 10 m, la largeur minimale imposée par la jauge est de 2,08 m seulement ! Mais la ligne latérale de la carène et la forme des sections sont quasiment identiques à celles de mon bateau : il suffit d'épaissir de 25% dans le sens transversal et de 15% en vertical.
Pour faire encore un peu plus exotique, un bateau construit en Australie, par un certain Roy Sands, derrière sa maison ! Le constructeur aurait eu de la famille en Allemagne... Noter les dimensions : loa 10,3 m, largeur 2,59 m, tirant d'eau 1,67 m. Il était à vendre en 2000 avec ces commentaires :
Et aux dernières nouvelles (automne 2005) il aurait été vendu et restauré :
Plus bizarre, ce bateau en vente au Canada, photographié ici lors d'une ballade en famile, avec le sigle WW2 (seconde guerre mondiale) sur la voile ! Et je ne l'ai pas fait avec Photoshop...

Des cousins plus jeunes

Des formes de carène classiques, intemporelles, à tel point que des voiliers plus récents ont repris ce plan, comme "BOLA", un voilier de 10,90 m en acier construit en 1962 par le chantier Kurt Beister, à quelques dizaines de kilomètres de l'endroit où j'acheté mon bateau.
Ou encore comme ce "M 36", récent, de "Morris Yachts".

Un stéréotype du bateau classique

Cette forme de carène, souvent identifiée comme le "croiseur nordique", est très courante. En témoigne ce dessin extrait d'un formulaire de jauge du RORC (Royal Oceanic Racing Club) de 1957. La forme dessinée sur ce formulaire se rapproche beaucoup de mon bateau, aussi bien de profil qu'en coupe. Cela dit, on voit bien l'évolution au niveau des élancements : mon bateau a un peu moins d'élancements en avant et beaucoup plus en arrière, ce qui prouve l'ancienneté de son plan.
Un autre exemple : un schéma extrait du site internet détaillant la nouvelle "jauge classique" établi pour les courses entre voiliers d'époque. Le schéma du sloop (ou côtre) bermudien est très proche de la forme de mon bateau, avec des élancements et une forme de tableau très semblables : une forme de carène typique du début des années 1930.

Mon opinion personnelle

Je pense que les plans de ce bateau ont été réalisés par un architecte peu connu, voire par la collaboration entre un chantier et le propriétaire donneur d'ordre, avec une inspiration très forte  de plans existants : on pourrait dire qu'il s'agit d'une copie allemande d'un plan danois ou suédois : voir la coque d'Electra, de 1928. Peut-être qu'il s'agit d'une copie non officielle d'un plan Sparkman & Stephens ou Rhodes : on voit mal le régime nazi admettre qu'il devait acheter des plans de bateaux aux Etats Unis en 1940. Cela dit, un spécialiste des plans Sparkman & Stephens, consulté, m'a dit qu'à son avis ce plan n'était pas d'origine américaine. Il verrait plutôt une origine nordique, voire anglaise ou française, de la fin des années 1920. Evidemment, il a immédiatement repéré que le roof et les hiloires n'étaient pas d'origine.

Avec un ratio longueur / largeur de 4 / 1, Le donneur d'ordre a visé un programme plus "croisière" que "course" et a voulu donner de l'habitabilité à son bateau. Cela pourrait indiquer qu'il s'agissait d'une commande "club" ou encore "militaire" : voir ci-dessus "Kormoran". Sur le "Poseidon", on retrouve un ratio à peine supérieur à 4 / 1. Le programme était peut-être le même. Curieusement, Danzig, ou plus exactement le port voisin de Gdynia (alors nommé "Gotenhafen"), et Stralsund étaient à l'époque deux centres du "Baltische seglers vereinigung", la structure d'apprentissage de la voile, évidemment sous contrôle d'état comme toute structure d'encadrement de l'époque. Ces bateaux étaient donc des précurseurs, car les bateaux de croisière modernes tournent autour du ratio 3 / 1.

Il faut citer le contexte des années 1939-1940 pour approcher les origines de ce bateau. En septembre 1939, l'armée allemande envahit la Pologne, qui est écrasée. La population civile est décimée, notament dans les zones peuplées en partie d'Allemands, à savoir la Poméranie Orientale. Danzig, alors "ville libre" mais en réalité sous protectorat allemand, est au centre de cette région. Dans les mois qui suivent, à l'automne 1939, les pays baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) expulsent massivement les ressortissants allemands de leurs territoires. Nombre de ceux-ci seront installés en Poméranie orientale, en remplacement de populations polonaises elles-même déplacées, voire exterminées pour les élites. Le port de Gdynia, situé à une quinzaine de kilomètres de Danzig, devient territoire allemand et prend le nom de Gotenhafen (le port des Goths). Appellation un peu ridicule car il n'y a probablement jamais eu de Goths à Gdynia, mais les nazis n'en étaient pas à cela près.

Nombre d'immigrés en provenance des pays baltes vont donc s'établir à Danzig ou à Gotenhafen. Il s'agissait souvent de gens aisés ou d'élites intellectuelles. Parmi eux certains sont des "yachtmen" qui pratiquaient dans des clubs locaux tels que le "Rigaer Yacht Club" (RYC), le "Libauer Yacht Club Nord", le "Estländische See Yacht Club (ESYC)", le "Arensburger Yacht Club (AYC)" ou encore le "Livländische Yacht Club (LYC)". Une structure fut créée à Gdynia, le "Baltische seglers vereinigung (BSV)" pour fédérer ces anciens et nouveaux clubs. Sous l'autorité du Commodore Kurt Lietz, le "Danzig-Zoppoter Yacht Club", dit aussi "Gode Wind", fit le maximum pour accueillir et intégrer les nouvaux arrivants. Il est fort vraissemblable qu'il a dû augmenter la taille de la flotte locale et commander de nouveaux bateaux. Il est tout aussi vraissemblable qu'il ait fait appel aux compétences en matière d'architecture navale de personnes originaires de pays baltes, qui ont bien évidemment importé la mode locale en matière d'architecture de yachts, laquelle était sans doute fortement inspirée des productions danoises ou suédoises.

J'ai eu la surprise, en feuilletant un album de vieilles cartes postales de Gotenhafen, de trouver la photo d'un bateau qui ressemble beaucoup au mien :

Si ce bateau est celui que j'ai acheté, ou encore un sistership, il faut en conclure que les modifications ultérieures ont porté sur :

En dehors de la carène, qui n'a pas été modifiée, le reste du bateau a été un peu remanié. Le roof n'est certainement pas d'origine. Je pense qu'il a été réhaussé de près de dix centimètres, pour donner de la hauteur sous barrots. Dommage pour la silhouette du bateau, mais nécessaire compte tenu de l'augmentation de la taille des des individus pendant la durée de vie du bateau.

J'ai envoyé quelques demandes à des photographes polonais qui ont publié sur Internet des photos de la région de Gdynia. Les réponses sont concordantes : la photo de cette carte postale a été prise sur le vieux môle d'Orlowo, situé entre Gdynia et Sopot. Merci à Marcin Mroz et à Magdalena Kazmierczak. Voir une vue extrait d'une video prise exactement au même endroit, et une vieille carte postale montrant le môle sur lequel le bateau est amarré :

Pour l'instant j'en suis là. Des lignes typiques des bateaux de la Baltique, un plan très typé "danois" ou "suédois", proche de certains tracés d'architectes comme Rasmussen, Rhodes ou encore Stephens. Tracé par un émule de ces derniers... ? Copié sans vergogne sur un bateau ou des plans publiés ... ? Pour l'instant, l'histoire de ce bateau se perd dans les brumes du nord du troisième Reich. Et le fait que l'origine géographique du bateau se trouve maintenant en territoire polonais ne facilite pas les recherches historiques.

Cela dit, et pour renvenir à mon choix, un tel plan doit marcher correctement sous voiles et Lukas, fin voileux, ne tarit pas d'éloges sur le comportement de son bateau, y compris dans le gros clapot de la mer du Nord. Il est vrai que le bateau est bas de franc bord, ce qui est assez surprenant lorsqu'on le voit pour la première fois. Mais ce n'est sans doute pas catastrophique pour la sécurité. Après tout, les "Surprise", tout aussi bas sur l'eau, ont démontré que c'était possible. De toute manière, compte tenu des aménagements assez sommaires, un tel bateau n'est pas fait pour les traversées longues. On sent bien que le programme est à la navigation côtière, ce qui me convient tout à fait. Un classique donc, mais qui à y regarder de plus près a des côtés plutôt modernes. Un "bateau de transition". Rien que pour cela, il me plait.

Le chantier

Tout ce que Lukas a pu me dire est que le bateau "aurait été construit à Danzig en 1940" dans un chantier nommé "Danziger bootswerft". Le principal chantier de Danzig, à l'époque ville allemande, le "Danziger Werft" était en 1940 une extension du principal chantier de Kiel et avait comme principale activité la construction de sous-marins ! Ce chantier allait d'ailleurs devenir célèbre quelques décennies plus tard avec le syndicat Solidarnosc et un certain Lech Walesa. Il paraissait donc curieux qu'il ait pu construire un petit yacht en bois.

J'ai reçu récemment des informations en provenance de Pologne. Il existait, dans un autre quartier de Danzig, un chantier dirigé par un dénommé "Friedrich Kropp", répertorié sous le nom de "Danziger Bootswerft" dans un annuaire de 1937 : le nom exact que m'avait cité Lukas. Dans un annuaire de 1942, ce chantier avait changé de nom et s'appelait "Boots- und Yacht-Werft" : une indication qu'il était effectivement spécialisé dans la construction de yachts.

Mon correspondant m'envoyait, avec beaucoup de gentillesse, une photo aérienne de Danzig montrant la zone du centre ville ainsi que la zone, un peu excentrée, où se serait situé ce chantier.

Une recherche avec Google-Earth montre que cette zone comporte aujourd'hui des bâtiments industriels et un quai. Evidemment l'idéal pour un chantier naval.

Mon correspondant m'indique que l'ancienne adresse du chantier est "Heubuder Straße 45a" et que cette rue s'appelle aujourd'hui "Ul. Sienna". Une recherche sur Mappy avec l'adresse "Ul. Sienna 45" donne :

C'est donc exactement au même endroit. Une recherche sur Google avec l'adresse "Ul. Sienna 45" donne :

Des documents d'archives : sans doute les anciennes entreprises situées à cette adresse pendant la période "bloc de l'Est". L'ancien chantier "Danziger Bootswerft" aurait il maintenu une activité dans ce domaine pendant toute la période où la Pologne était dans le bloc de l'Est ? Le nom "Stocznia Jachtowa" que l'on pourrait traduire par "chantier naval de construction de yachts" indiquerait il que cette activité s'est prolongée sous les gouvernements communistes ? On trouve, dans des annuaires modernes :

Trois entreprises exerçant des activités dans le domaine naval, et plus particulièrement dans le domaine de la plaisance. Voilà qui est très intéressant. J'ai bien évidemment contacté ces entreprises pour savoir si elles ont des éléments sur l'histoire du site : j'attends les réponses.

Et... le meilleur pour la fin. J'ai finalement trouvé le chantier "Conrad", lequel occupe la plus grosse partie du site et peut logiquement être considéré comme l'héritier du "Danziger Bootswerft". Voici le plan et une photo :


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